Mosquées, mosquées, mosquées...

Publié par fouta-decouverte sur 22 Août 2023, 15:10pm

Catégories : #Fouta Djalon, #Guinée, #Au quotidien

Le Fouta Djalon est devenue terre musulmane avec l’émergence du Fouta théocratique suite à la victoire des Peuls musulmans sur les non croyants lors de la bataille de Talansan vers 1725. Depuis cette époque et jusqu’à nos jours, des lieux de prière ont été aménagés dans toutes les communautés pour permettre aux populations de répondre aux exigences de leurs croyances.

Depuis quelques décennies, il semble même qu’une sorte de rivalité entre villes, villages et hameaux entraine une course à la construction de la mosquée la plus grande, la plus belle, … Ainsi s’érigent un peu partout sur ce territoire et parfois dans des hameaux improbables, des lieux de culte où il est évident que le peu d’âmes encore présentes sur place auraient bien du mal à les remplir.

Ces lieux de prière, le plus souvent hérissés de minarets immaculés, sont autant de points de repère jalonnant progressivement toute la région et qui font la fierté des ressortissants des villages ainsi sortis de l’indifférence. « Vous avez vu le Mosquée de tel village, c’est untel qui l’a bâtie. Il est vraiment béni. C’est un digne fils de son village dont il fait aujourd’hui la fierté ».

Construire une belle et grande mosquée est de toute évidence symboliquement fort sur cette terre où la vie au quotidien est rythmée par la Religion.

Un acte de foi certainement et peut-être aussi une manière pour ceux qui portent ces projets, de se « bétonner » le chemin qui mène au Paradis ? A chacun en son âme et conscience de se faire son opinion.

Mais face à cette surenchère, à tort ou à raison, certains aussi s’interrogent.

« Toutes ces mosquées c’est très bien, mais pour s’y rendre encore faut il être en bonne santé… Or il n’y a pas de centre de santé digne de ce nom dans notre village pour se soigner et pas d’eau potable disponible pour toute la population. » (Réflexions d’un jeune musulman qui s’interrogeait devant moi et devant une mosquée, la deuxième en construction dans son village alors que la première était à peine terminée).

Alors trop de mosquées, pas assez ? Trop d’argent dépensé ? Peut-on, doit-on poser la question en ces termes ? Trop, pas assez, … comment définir un nombre idéal en la matière. Les croyants vous diront qu’il ne peut y avoir trop de mosquées et qu’elles ne seront jamais trop belles pour honorer Dieu.

Et après tout, il est vrai qu’au pire ces lieux de prière abritent des courants d’air et quelques araignées. Au mieux, elles accueillent chaque jour les villageois vivant encore sur place et les jours de fête tous les ressortissants du village, qui sont fiers de venir prier dans LEUR mosquée.

Au final, la vraie question n’est peut-être pas tant celle du nombre de mosquées que celle de l’insuffisance, voire du manque cruel d’infrastructures de base qui permettraient à la population de mieux vivre au quotidien, et au final celle plus large de la déficience des services publics dans bien des espaces du territoire national, d’un Etat trop souvent défaillant.

Alors en attendant que l’Etat prenne ses responsabilités, les croyants, quelle que soit leur condition, continueront à n'en pas douter de se rendre à leur mosquée, ancienne ou récente, en bois et paille ou en béton, pour faire monter vers le Ciel leurs prières et espérer qu’elles soient entendues et exaucées.

Et quant à ceux qui en ont les moyens, ils continueront certainement à bâtir ces lieux de prière qui ne seront jamais assez grands, jamais assez beaux, jamais assez hauts pour permettre aux croyants de se rapprocher de Dieu.

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Jours de fête au village

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Lamine Bah

24/08/2023 08:31

Une bonne remarque que de deplorer cette tendance a remplir des villages peu peuples de mosquees au lieu de renforcer l'infrastructure scolaire ou sanitaire

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Marin

22/08/2023 21:17

Bien dit, bien vu.

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fouta-decouverte

23/08/2023 17:14

merci.<br />