Herboriste d'origine normande (né à DOMFRONT en 1873), Monsieur Chevalier eut une grande expérience de l'Afrique au cours de sa longue vie (1873 - 1956) et a ainsi laissé sa trace dans de nombreux pays, dont la Guinée et plus particulièrement à Dalaba.
Sa découverte de l'Afrique fut tout à fait involontaire mais semble avoir été une révélation pour ce jeune botaniste. En 1899, à l'âge de 26 ans, Monsieur Chevalier est désigné d'office pour accompagner une expédition militaire dans la boucle du Niger au Soudan pour une étude de la flore, des plantes à caoutchouc et du coton.
Après 16 mois de découvertes, les missions vont se succéder : Afrique Centrale française (1902-1904), Côte d'Ivoire et Gabon (1906-1913) avec un détour par la Guinée pour créer en 1907 un jardin expérimental qui deviendra "le Jardin A. Chevalier".
Octave Caille, qui accompagnait Chevalier lors de sa prospection dans le Fouta-Djalon, en commença l'installation vraisemblablement en 1908, grâce notamment à l'appui du gouverneur général Merlaud - Ponty.
Le choix du site pour ce jardin d'essai ne fut pas le résultat du hasard, comme le précise très clairement le texte ci-dessous :
A partir de cette période sont alors réceptionnées puis plantées au Jardin de Dalaba, des graines et des plantes vivantes provenant du Muséum et des collectes réalisées par Chevalier au cours de ses voyages en AOF, AEF, …
Ainsi sont introduites dans cette partie de la Guinée, les principales espèces et variétés de caféïers, des arbres à quinquina, des girofliers et cannelliers, de grands bambous du genre Gigantochloa, même des pêchers et pommiers, de pins du Langbian, ainsi que de nombreux arbres fruitiers tropicaux.
Concernant plus particulièrement les pins (Pins d’Indochine), il semble qu’ils aient été introduits à partir de 1914 sous forme de semis. Voir le texte de A Chevalier ci-dessous :
Avec la guerre de 1914, malheureusement, le coup de grâce est porté au Jardin de Dalaba. Octave Caille est mobilisé et Chevalier se voit dans l'obligation de confier la garde de l'établissement au gouvernement de la Guinée.
Après guerre, le constat est amer :
Quelques années plus tard, en 1930, lorsque Chevalier revisitera le site, il déclarera : « Quelques unes des plantes que nous avons introduites, à grand peine, subsistent encore, mais le plus grand nombre ont disparu, et du grand effort qui avait été dépensé, il reste hélas peu de choses ! »
Concernant la période allant de la deuxième guerre mondiale à la fin de la 1ère République, les informations sont difficiles à trouver (lecteur : si vous en avez je suis intéressé !)
En 1958, le jardin a été rebaptisé "Jardin Barry Gassimou", à la mémoire d'un martyr de la Révolution.
Mais, dans les années 80, il a repris son nom d'origine (en tout cas, rares sont les personnes qui utilisent cette dernière dénomination).
Aujourd'hui en 2015, le jardin existe toujours et il est préservé en l'état.
On peut donc y voir les pins les plus anciens du Fouta mais aussi de vieux caféïers, théïers, canneliers, bambous de Chine, eucalyptus. Malheureusement, l'arbre du voyageur que l'on pouvait admirer dans le jardin a disparu depuis quelques années.
Une pépinière a été créée dans ce jardin; on y trouve essentiellement de jeunes plants de pins.
Au-delà du marigot (passer la digue en béton), les ruines d'anciennes cases rondes sont les témoins des festivités organisées au temps de feu le Président Sékou Touré.
Le site est très agréable pour des promenades pédestres le long de grandes allées bordées d'arbres. Idéal pour le pique-nique et la sieste.
L'occasion de passer un bon moment entre "Histoire et Géographie".