Vous me connaissez ?
Je suis NAGUE *, la vache foutanienne.
Si vous vous êtes déjà aventurés dans le massif du Fouta, alors forcément nous nous sommes déjà croisés.
"La belle N'Dama rousse ... elle marche à petits pas légers de ses jolis sabots fendus, avec la peau bien tirée sur ses pattes, qu'on dirait qu'elle porte des chaussettes. Comme la plupart de ses compagnes, elle aime se promener sur le bord du goudron, en divagation."
Je suis la reine des pistes et des routes. Et pour m'en déloger, il faut vraiment faire preuve de persuasion. D'ailleurs la plupart du temps, les véhicules m'évitent, me contournent plus que je ne me pousse...
Je ne suis certes pas une vache sacrée comme en Inde, mais je fais l'objet d'une certaine vénération dans cette région habitée en grande majorité par des éleveurs peuls.
"Nous les vaches du Fouta sommes l'objet d'un amour passionnel des Peuls..... Et c'est vrai que les Peuls nous considèrent vraiment comme des membres de leurs familles."
Nous faisons l'objet d'un élevage que certains qualifient de sentimental, parce que nos maîtres nous livrent rarement aux mains des bouchers.
Mais "nous ne sommes pas inutiles (comme certains peuvent le penser), loin de là, nous servons de dot à la famille qui donne sa fille en mariage, (....) et, encore aujourd'hui, nous aidons à augmenter la considération et le prestige de notre maître."
Alors c'est vrai nous ne sommes pas impressionnantes, car plutôt de petite taille, mais cela n'empêche en rien que nous prenions toute notre place dans la brousse.
D'ailleurs, "nous sommes l'âme du Fouta, la vraie. Et les Peuls le savent bien, eux qui jurent souvent "par le secret du beurre et du lait" "
Ils organisent même une fête pour nous chaque année : le Touppal !
"On prépare ce jour le mondè, qui est une pâte de terre glaise, avec de l'eau, du sel et des feuilles d'une liane gluante, le laaka, qui pousse au bord des rivières. On prend la racine (...). Elle protégera le bétail contre les parasites et d'autres maladies pendant l'année. On met le tout (...) dans un grand panier en liane. On récite dessus des versets du Coran et nous tous (...) venons manger cette préparation"
Allez à bientôt sur les chemins, pistes et routes du Fouta !
Peut-être qu'après cette lecture, vous me considérerez différemment à notre prochaine rencontre...
Et n'oubliez pas : sur les routes du Fouta, roulez doucement pour éviter une collision !
(Les parties de texte en gras sont des extraits tirés du roman de Nadine Bari "L'oeil du héron" aux éditions "Tabala". A lire pour mieux comprendre le pays au quotidien...)
(* nague = vache en poular)