Je me permet ce jour une petite digression, par rapport au thème de ce blog.
Ayant quitté la région du Fouta depuis quelques semaines maintenant, me voilà devenu Porto Conakryka.
Ainsi va ma vie....
Je vous partage ce jour ma première chronique de cette nouvelle vie
" Sur les routes de Conakry….
Hier nous étions bloqués dans un embouteillage entre Lambanyi et Kipé en plein milieu d’après midi et alors que le soleil tapait fort, très fort. Un de ces embouteillages à la Conakryka, qui n’en finit pas et finit par vous taper sur le système.
« Pas grave, me direz-vous, avec la clim tout est supportable ».
« Certes ! encore faudrait-il avoir la clim…. »
Bref, nous étions donc à l’arrêt ou presque, dans cette ambiance surchauffée et étouffante, résignés. Distraits de temps en temps par des vendeurs ambulants, slalomant au milieu des voitures, tuk-tuks et autres motos et proposant leur marchandise : balais d’essuie-glace (mais ça fait des mois qu’il ne pleut pas petit…), yé glacé (plus très glacée sous ce cagnard), pain d’or (complètement desséché), mouchoirs en papier (un peu juste pour essorer toute notre dégoulinante transpiration ),….
Et puis alors que la voie en sens inverse se libérait un peu, un puis deux puis un flot de véhicules s’engouffrèrent dans la brèche. Une vague, que dis-je une déferlante.
Il faut savoir que le chauffeur conakryka a horreur du vide. Vous laissez la place d’un quart de voiture devant vous, vous en avez cinq qui réussissent à s’insérer dans l’espace libre. Walaye ! Plus rapide qu’un banc de sardines au moment de se précipiter dans une boîte … à sardines bien sûr, pour y trouver une place !
Nous nous retrouvâmes donc rapidement sur 2 voire 3 voies dans un enchevêtrement indescriptible, chacun semblant vouloir être plus malin que le plus malin pour gagner une place dans la file.
Pitoyable et surtout très efficace pour assurer l’étanchéité du bouchon et en augmenter la résistance.
Et là, je finis par perdre patience !
Alors qu’un chauffeur au volant de sa Toyota tentait de me dépasser pour s’insérer devant moi, je ne le laissais pas faire. Plus précisément par la force des choses, je le laissais faire à moitié pour finalement le bloquer alors que sa roue avant droite commençait à mordre sur mon petit espace de bitume, de liberté.
Le chauffeur/chauffard insistant, j’insistais aussi, jusqu’à « malencontreusement » toucher l’aile arrière droite de son véhicule avec le parechoc de notre Land Cruiser. Sacrilège !
Bon je peux bien l’avouer aujourd’hui, j’en avais fait quelque peu exprès sachant par avance que mon parechoc ne craignait pas grand-chose.
Et en plus j’ai vraiment rien senti….
Alors que nous avions tous très chaud, le chauffeur s’échauffa de plus. Ne voulant pas céder et bien au contraire, ayant bien l’intention de demander réparation de mon forfait, il insista encore et encore pour se mettre devant moi et me bloquer.
Ayant réussi à se positionner comme il le souhaitait, et alors que je le collais de près, il décida de s’arrêter en travers de ma route me présentant cette fois-ci son aile arrière gauche…..
L’occasion était trop belle. Histoire de rétablir la symétrie de son véhicule, j’effleurais cette fois-ci sa porte arrière gauche. Oups !
Bizarrement (d’ailleurs jusqu’à présent je ne me l’explique pas vraiment) il resta accroché à son volant tout en gardant sa position, en travers de mon chemin et donc en travers du chemin de la longue, longue, longue file de véhicules nous suivant.
« Tu vas payer pour ça » me lança-t-il.
En toute courtoisie, je lui faisais comprendre que je ne céderai pas.
« Moi te payer, jamais. Chauffard, dégages de ma route ! », « Allez, dégages où je te pousse encore un peu ! ».
Evidemment l’entêté chauffeur peu sensible à mes arguments et ne voulant pas céder non plus, nous fûmes bercés pendant plusieurs minutes par un concert de klaxons peu mélodieux et surtout peu efficace pour le faire bouger. Nous étions bloqués, créant un bouchon au milieu du bouchon.
Finalement après quelques manœuvres de diversion et profitant de l’aspiration d’un camion remorque nous dépassant, je parvenais à me dégager relayant notre infortuné chauffard en seconde position. Yeesss !
Après cette manœuvre, je ne laissais pas le quart du tiers de la moitié d’un espace devant moi, au risque de me faire accrocher par le moindre mouvement de recul de la remorque me précédant.
La Victoire était au prix de cette petite prise de risque.
Découragé, désabusé, dépité, … (bon en fait je ne sais pas trop pourquoi), notre victime expiatoire du jour finit par prendre une route transversale pour échapper à l’embouteillage. Et nous rattraper plus loin ??
Non, nous ne le revîmes pas !
Depuis je regarde avec amusement, les traces de peinture blanche laissées sur mon parechoc par cette fameuse Toyota, relookée par mes soins , tout en me disant que décidément je deviens à "petites touches", un vrai Conakryka 😄"