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Fouta-découverte, le blog Fouta Djalon

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Images, impressions, infos sur le Fouta Djalon en Guinée (Conakry) pour les amateurs de rando/treks et d'un tourisme de découverte


"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme

Publié par fouta-decouverte sur 7 Décembre 2022, 21:05pm

Catégories : #Contribution de voyageurs, #Fouta Djalon, #Guinée

"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme

" Saltinho, le 28 novembre 2022
J'ai bien dormi, réveil au son des oiseaux et de la cascade. Je me fais un café sans attendre le petit déjeuner gracieusement offert par l'établissement, je fais mon paquetage en même temps que Chris se lance dans la carrosserie pour redresser ses valises aluminium à grand coups de caillasses, ces dernières ayant quelque peu souffert hier à heurter les arbres et le sol.
Puis nous attaquons la route de Ampata qui s'enfonce directement vers la frontière de la Guinée,  passage par les autorités territoriales afin de valider notre sortie du territoire. Puis ça devient l'enfer pire que la veille.  La route donnée par le GPS existe bien mais en fin de saison des pluies, c'est un bourbier dans lequel le seul camion à ravitailler les quelques villages creuse des ornières abyssales dans lesquelles nous pourrions circuler en kayak mais pas à moto, Chris Globetrotter doit démonter ses bagages à plusieurs reprises afin de passer entre les arbres, il se prend quelques bûches et nous peinons dans notre progression, ça dure une éternité et je finis par terre à bout de force. Finalement après 7 heures de combat et 38 kilomètres plus loin, nous atteignons la rivière pour une traversée en pirogue très hasardeuse.  Il reste 70 kilomètres pour atteindre Boké, les premiers tours de roues ne sont pas encourageants,  puis la piste s'élargit,  on souffle un peu et à 22 heure nous sommes devant un hôtel gigantesque et vide où le moindre pet résonne comme le tonnerre au mois d'août en montagne. Heureusement après cette journée harassante nous trouvons un petit restaurant ouvert où une dame charmante nous concocte un délicieux repas qui achèvera de nous clouer au lit comme le Christ sur sa croix.
Je n'ai pas souvent le sentiment d'être au bout de mes forces,  mais aujourd'hui c'était le cas...
 

"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme
"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme

Boké, le 29 novembre 2022
Décision est prise d'aller se reposer à la plage, sécher nos vêtements qui n'en ont plus que le nom, et nous prenons la direction de Koukoudé où une institutrice à la retraite a installer un petit hôtel non loin de la plage. Apéro pastis et dîner digne de ce nom va nous requinquer et un bon lit fera notre bonheur, ce qui se réalise. 

Koukoudé, le 30 novembre 2022
Il y a là une petite piscine ; l'air est doux et chacun décide de s'occuper de sa monture ayant souffert les 3 derniers jours. Je file vers le village pour y trouver le réparateur de pneu, lequel semble-t-il possède un gros compresseur qui va me permettre de nettoyer mon filtre à air qui ressemble à un morceau de PQ usagé. Arrivé devant la dite adresse  je plante un boulon de 10 centimètres  dans mon pneu,  c'est à se demander si le réparateur de pneus ne l'a pas posé là pour optimiser son chiffre d'affaire. Du coup je fais réparer et souffle mon filtre en même temps. De retour à l'hôtel,  il y a là une belle bande d'amis plus où moins rasta qui nous invite à partager 2, puis 3 , puis 4 ou plus bières...il est 11 heure du matin, c'est mal parti pour la journée de repos. On fini dans la maison de l'un d'eux où les caisses de bières se vident à grande vitesse, à manger un bon riz au gras accompagné de piments qui justifient sans doute la beuverie de ce doux début d'après-midi. Knock-out je file à la sieste qui s'achève devant un plat de gambas délicieux. La vie est belle...je crois !


Koukoudé,  le 1 décembre 2022
On trisse le matin, direction le Nord, le Fouta Djalon, quelques kilomètres de route puis une piste magnifique nous mène vers la montagne.  C'est beau, c'est très beau, c'est immense,  les paysages s'enchaînent dans un écrin de verdure. On grimpe, on grimpe fort, et plus on grimpe plus la piste se rétrécit...c'était beau mais maintenant il fait nuit et les motos passent à peine en largeur. Je prends un peu d'avance sur Chris, il fait nuit la piste est de plus en plus difficile,  mon carburant est en réserve depuis un moment,  j'atteins une route à 21 heure, je pose la moto et j'attends.  Message de Chris " Je suis sous la moto, je ne parviens pas à me relever " oups! c'est chaud, on tente de s'appeler, ça capte mal, je sais qu'il est dans la galère mais je ne sais pas où et je n'ai plus de carburant pour faire demi tour... Finalement au milieu des grésillements du téléphone, j'entends son moteur démarrer message : " tu es à quelle distance de la route?" réponse :" je pense que je me suis trompé de piste" grrr breuuu...je suis crreeeuuu à 1 kil....omètres"... Finalement au bout de quelques minutes, suffisamment pour que j'envisage tous les plans de sauvetages,  j'entends le vrombissement de son moteur...on a eu chaud...il arrive : " je crois que je me suis cassé une côte "... On trouve un hôtel sans doute... enfin, je crois,  je ne me rappelle plus. Ha si ! Télimélé "Le Petit Palais" un must !


Télimélé, le 2 décembre 2022
On prend un bon petit déjeuner et on chope une piste,  parce que quand on aime on ne compte pas ! La piste est compliquée dès le matin, ça change ! On roule comme des ânes, on en prend plein les bras et je commence à douter du bon fondement de ma passion pour la difficulté,  mais à mi journée  ça s'améliore et d'un coup je m'imagine en course, j'envoie du gaz et Sheetah vole de bosses en bosses,  franchit les gués dans un souffle,  glisse sur le sol sablonneux avec aisance, j'arrive à Pita rapidement. J'ai le temps de faire le tour des hôtels de la ville avant que Chris ne me rejoigne pour une bière ( encore une !). Nous posons nos valise dans un coin bizarre, la tenancière mi-gigolotte mi-coquine sur le retour nous accorde un tarif après une courte négociation.  Nous nous sommes régalés avec une salade accompagnée d'alocos dans un bar à footeux en pleine coupe du monde, bref de quoi devenir sourd, mais c'était bon. 

"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme
"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme
"Une semaine en Guinée,  c'est peu ; le pays est grand et beau !", par Fifo La Gomme

Pita, le 3 décembre 2022
Les bécanes déchargées on part en exploration dans les alentours.  Objectif la cascade de Kinkon, au bout de quelques kilomètres nous tombons sur un barrage militaire où s'ensuivent des négociations,  n'ayant pas de laisser-passer dont nous ignorions l'existence pour accéder au site. Les gars sont sympas et s'ensuit une discussion joviale qui dure un bon moment avant qu'on lâche 6 euros et qu'eux nous lâchent la grappe. Le site est magnifique.  Une cascade d'une cinquantaine de mètres tombe dans une gorge de rochers rouges auxquels s'accroche une végétation dense. On y fait quelques photos et Chris sort son drône qui prend plus souvent la poussière que les prises de vues. L'après-midi nous grimpons jusqu'au sommet de Maci puis trouvons une piste magnifique pour rejoindre la cascade de Kambadaga réputée pour son exceptionnelle beauté. Ça nous fait une belle balade mais la cascade nous ne la verrons pas. Au dernier village avant d'arriver un type nous interpelle pour nous faire payer un droit de traverser le village sous l'argument d'entretien de la route...ça dure un moment,  mon copain prend la mouche et fait demi tour, moi je force le passage et 1 kilomètre plus loin il y a 5 types qui me barrent la piste pour me faire payer je ne sais quoi d'autre.  Fuck! je vous emmerde avec votre cascade, je fais demi tour aussi...retour à l'hôtel manger, dodo !


Pita, le 4 décembre 2022
J'ai une bonne raison de poursuivre ma route, ma quête. Le vieux Guindo m'a indiqué la voie, il sait, il a lu le message sur la table du renard pâle ...
Le matin à 7h Chris charge sa bécane et décide de rouler vers le Sénégal, moi j'ai de la lessive à faire,  mes bottes empestent le fennec, et je préfère prendre la direction de la Guinée-Bissau. 
Au petit déjeuner la patronne me fait du rentre-dedans -:"Reste encore une journée..." 
moi -:" ben non!" 
elle -:" emmènes moi avec toi, alors"

moi -:"ben non!"  Pas lourdingue la nana...
-:" prends mon numéro "
-:" Oui c'est ça, je t'appelle...(jamais)"
-:" t'es beau!"
ouais ! c'est sûr avec la couche de fond de teint que je me trimbale vu que la douche ne coule pas...
Je quitte Pita après avoir fait ma lessive à l'arrache, rapidement je passe Labé où je cause 5 mn avec un motard qui a croisé Christophe quelques heures avant. Je n'ai pas de plan de route, je dormirai à Tombissi ou Kousstwala. La route est propre et sinueuse comme on aime à moto, j'enchaîne les virages avec délectation durant 60 kilomètres,  puis c'est la terre rouge qui prend le relais,  puis c'est un peu mouillé puis ça devient un bourbier, dommage on a fait un gros nettoyage hier, Sheetah se couvre rapidement de boue.  Au détour d'un virage un 38 tonnes est planté là jusqu'au essieux, puis un autre, puis c'est un motard que j'aide à sortir alors qu'il en a jusqu'à la selle, puis un autre chargé comme une mule qui a chuté avec sa passagère dans le bourbier. Sheetah est bien dégueulasse mais s'amuse comme un jeune chiot dans les flaques.
30 kilomètres de gadoue plus loin, de nouveau un beau ruban d'asphalte,  je le déroule comme en d'autres temps j'aurai déroulé le ruban d'un corset, me délectant nœuds après nœuds, du paysage découvert.
 A 17 km de Gaoual, Kounsitel,  la ville bleue.  Rien à voir avec Fez, c'est un camp de cabanes de bambous recouvertes de bâches, ça me rappelle Juba capitale du Sud Soudan en 2011, après 40 ans de guerre, un camp de réfugiés à perte de vue où s'entassaient pèle mêle les oubliés de la charité des ONG occupant les faubourgs dans des algeco entourés de barbelés. Ça me rappelle aussi les camps de chercheurs d'or du Burkina Faso ou du Ghana, les travailleurs y vivent dans des conditions de confort auxquels ils ne prêtent pas attention n'étant présent que dans l'espoir jamais atteint d'être riche un jour. 
A Gaoual, je me pose dans le seul hôtel de la ville. D'un point de vue architectural c'est cohérent,  mais entretenu à grands renforts d'oublis et de négligences. L'eau ne coule pas dans les salles de bains comme la plupart des hôtels de Guinée pourtant " château d'eau" de l'Afrique de l'ouest. Je choisi la chambre avec draps, j'ai des goûts de luxe... et entame un combat à mort avec les moustiques qui forment la principale espèce de la faune locale... "

 

Merci à Fifo la Gomme pour ce récit et les photos. Voir sa page https://www.facebook.com/fifo.tissier

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